Jeu des perspectives, l’espace est en mouvance selon les positions de l’observateur. Au sol la trace des "lignes de force" du terrain, le rayonnement du parquet qui tient l’éventail de la courbe, présence du tracé régulateur qui soutient la forme libre de la maison.
Squelette, colonne vertébrale ou vaisseaux d’irrigation ? Comme dans la nature à laquelle elle répond, la forme reste pudique ; on perçoit sa cohérence, on imagine seulement la manière dont elle est construite. La limite entre intérieur et extérieur est estompée en créant une délimitation nouvelle : "le béton patiné" s’arrête à l’intérieur sur une des lignes de force du tracé régulateur (en l’occurrence la ligne principale -celle du muret principal de l’ancienne vigne).
Le seuil intérieur en parquet, fait oublier la frontière réelle entre l’intérieur et l’extérieur qu’il n’interrompt pas. Cette ambiguïté des limites permet une relation d’échange de l’intérieur avec l’extérieur, les espaces s’interpénètrent, la membrane cristalline ne fait que protéger du froid et des "indésirables". Le toit est une paupière, il accompagne par sa courbe à la fois en plan et en élévation le regard sur le panoramique.
L’intérieur de cet observatoire pourtant ne perd pas de son intimité, encore comme un œil qui sait voir mais ne donne que des modifications cryptées sur ce qui se cache derrière son cristallin :
- la terrasse, son garde corps qui protège du vide, fait un premier écran.
- vient ensuite la structure qui soutient la membrane.
- l’orientation des lames de la sous face du toit perpendiculaire à celles du plancher modère la dynamique du système.- un système de correction acoustique permis par les lames de bois disjointes du plafond.
Les lignes en éventail convergent vers le fond de la pièce, en direction des hublots de la piscine, relation avec l’élément eau, polarisation de la lumière.
“Le contexte : terrain difficile, très pentu, une ancienne vigne qui surplombe la ville de Clermont-Ferrand, vaste horizon panoramique. La solution : une maison qui évoque un coquillage accroché à son rocher, ou un œil dans sa paupière, regardant la ville en contrebas. Les murs porteurs reprennent la trame originelle des coteaux de la Vigne d’antan. Le terrain boisé reste sauvage. Carte blanche totale sur le projet, accepté d’emblée tel quel par le client. 300 m2 habitables : 5 chambre, 2 bureaux et un grand espace commun à vivre : séjour-salon prolongé par une cuisine aux parois coulissantes.
La piscine éclaire le salon par l’arrière avec 5 hublots carrés ; le séjour s’ouvre en panoramique sur la ville de Clermont-Ferrand par une séquence de baies vitrées en cintre. Autour de celles-ci, une coursive-terrasse suspendue, accrochée dans le vide. Conçue comme une habitation- troglodyte, ici tout communique : la circulation se déroule autour de ce salon "cœur de la maison "qui renforce le sentiment d’espace et de liberté. D’un côté l’eau et la terre, de l’autre l’air et le feu - la lumière - plein sud. Un exemple d’habitation en harmonie avec les éléments et son environnement.”
in L’architecture dans votre région - novembre 99.